63/1
Anthony DUPONT | Original Sin in Tertullian and Cyprian : Conceptual Presence and Pre-Augustinian Content ? | 1-29 |
Philippe HOFFMANN | Temps et éternité dans le livre XI des Confessions : Augustin, Plotin, Porphyre et saint Paul | 31-79 |
Jonathan P. YATES | Is the Tongue Tamable ? James 3:8 and the Date of Augustine’s Sermo 180 | 81-98 |
Paul VAN GEEST | ‘… neque in dexteram, neque in sinistram declinans’ (Vita Augustini 22,1). Possidius’ relationship with Augustine and Augustine’s embodiment of the Praeceptum in the Vita Augustini | 99-121 |
Lukas J. DORFBAUER | Neu identifizierte Fragmente einer Handschrift der Briefsammlung des Ambrosius von Mailand aus dem frühen 9. Jahrhundert | 123-140 |
Xavier MORALES | Basile de Césarée est-il l’introducteur du concept de relation en théologie trinitaire ? | 141-180 |
Simon ICARD | Augustin, docteur de la grâce : histoire d’un titre | 181-198 |
Comptes rendus bibliographiques | 199-237 |
63/2
Brian M. JENSEN & Clemens WEIDMANN | Another Brick to the Augustinian Wall. New texts by Augustine discovered in the Sanctorale of the Lectionarium Placentinum | 239-276 |
Christopher A. JONES | The Pseudo-Augustinian Excerpts in Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 389 | 277-309 |
Bernard MEUNIER | Ni ajouter ni retrancher : une qualification du texte inspiré ? | 311-326 |
Álvaro CANCELA CILLERUELO | Edición y notas al texto de una homilía beneventana (Madrid, BNE, cod. 194 – CPL 1160a 20, 1997a) | 327-347 |
Chronica Tertullianea et Cyprianea 2016 | 349-384 | |
Bulletin augustinien pour 2016/2017 et compléments d’années antérieures | 385-438 | |
Auteurs des travaux recensés | 439-442 | |
Table générale | 443-444 |
Résumés :
Anthony DUPONT, « Original Sin in Tertullian and Cyprian : Conceptual Presence and Pre-Augustinian Content ? », p. 1-29
La notion de peccatum originale développée par Augustin d’Hippone n’est pas sortie de nulle part. Au cours des débats entre les chercheurs au sujet du caractère « traditionnel » ou « novateur » de la doctrine augustinienne du péché originel, G. Bonner et M. Hollingworth ont mis en avant ses racines spécifiquement africaines. Pour évaluer la possible « africanité » du concept augustinien de peccatum originale, le présent article se consacre aux deux principaux protagonistes de la pensée théologique africaine antérieure à Augustin : Tertullien (IIe-IIIe s.) et Cyprien (IIIe s.). Ils se sont explicitement interrogés sur le baptême (des enfants) et sur le péché (d’Adam), questions qui sont en rapport avec la doctrine du péché originel, et c’est pour cette raison qu’Augustin fait référence à leurs écrits. Tertullien et Cyprien ont-ils posé les fondations de la doctrine, éminemment complexe, du péché originel défendue par le doctor gratiae ? Pour répondre à cette question, nous avons rassemblé, de la manière la plus exhaustive possible, l’ensemble des témoignages disponibles. L’élaboration de cette collection très développée de sources montre que Tertullien et Cyprien ont créé un cadre conceptuel dans lequel il devenait possible à Augustin de développer tous les aspects de sa doctrine du péché originel, dont certains différaient considérablement des positions de Tertullien et de Cyprien, y compris certaines des
conséquences extrêmes des idées d’Augustin.
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Philippe HOFFMANN, « Temps et éternité dans le livre XI des Confessions : Augustin, Plotin, Porphyre et saint Paul », p. 31-79
Depuis environ un siècle, la plupart des spécialistes d’Augustin se contentaient apparemment de penser que le sermo 180 avait été prêché à une date proche du milieu de la première phase de la controverse pélagienne, c’est-a -dire en 414/415. Une nouvelle édition critique de ce sermon est parue en 2013. Dans l’introduction de son édition, S. Boodts soutient qu’il est impossible, en fait, de dater le sermo 180. J. Yates discute à la fois la vision traditionnelle et celle de S. Boodts. Il soutient en particulier que, même si une certitude absolue demeure hors d’atteinte, il est possible de rattacher le sermo 180 à la période 396-411, avec un haut degré de probabilité, et que le sermon peut être daté d’avant 415 avec une quasi-certitude. Cette conclusion est fondée sur l’histoire de la réception et de l’usage de Jc 3. L’article montre en particulier, à partir des formulations du sermo 180, qu’il est hautement improbable qu’Augustin ait eu une réelle familiarité avec le texte latin de Jc 3, 8 à l’époque où le sermon a été prêché. Il montre également que Jc 3, 8 est devenu familier à Augustin à partir de 415 et, surtout, qu’Augustin a
alors développé une exégèse antipélagienne et une application de Jc 3, 8 qui étaient absentes de son répertoire quand il prêchait le sermo 180. Cette évolution de la pensée d’Augustin conduit à fixer le terminus ad quem du sermo 180 en 415, et probablement même en 411.
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Paul VAN GEEST, « ‘… neque in dexteram, neque in sinistram declinans’ (Vita Augustini 22,1). Possidius’ relationship with Augustine and Augustine’s embodiment of the Praeceptum in the Vita Augustini », p. 99-121
Cet article se divise en trois parties. La première remet en cause ce que l’on peut penser des relations entre Possidius et Augustin à travers ce qu’en dit seulement Augustin ; l’article montre ainsi que, notamment pour les problèmes d’ordre juridique, c’est Possidius qui semble, à plusieurs reprises, avoir guidé et conseillé Augustin. Cet élément permet ensuite de proposer plusieurs hypothèses, sinon sur la biographie proprement dite, du moins sur la formation de Possidius, et de voir en lui un lettré qui maîtrise les codes de la littérature hagiographique, qui a sans doute une formation de juriste et qui connaît parfaitement l’œuvre d’Augustin. Ce n’est que dans un dernier temps qu’est abordée la question de l’Augustin de la Vita Augustini : l’auteur voit dans cette figure, passages à l’appui, à la fois un exemple de vie monastique modérée, mais également l’incarnation véritable de nombreuses directives de la Règle (il en cite sept exemples). Possidius aurait ainsi voulu, par ce biais littéraire, inscrire la rédaction de la Vita dans sa stratégie visant à l’unification de l’Église d’Afrique. Se situant dans la lignée des travaux de L. Verheijen, cet article tente d’apporter une contribution à l’étude de la lecture de la Règle, mais surtout de la composition et des finalités de la Vita de Possidius.
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Lukas J. DORFBAUER, « Neu identifizierte Fragmente einer Handschrift der Briefsammlung des Ambrosius von Mailand aus dem frühen 9. Jahrhundert », p. 123-140
Cet article essaye de montrer que les quatre fragments de manuscrits Paris, BNF NAL 2525, fol. 41, Paris, BNF NAL 2633, fol. 1-2, Saint-Wandrille, Bibl. abb. Ms. 1 et Paris, BNF NAL 3232 – 26 feuillets, en tout – sont des pièces dispersées d’un seul livre contenant la collection de lettres d’Ambroise de Milan ; ce livre fut copié dans le premier tiers du IXe siècle, dans le nord-est de la France, vraisemblablement à Corbie. La paléographie des feuillets, leur histoire et leur contenu sont ici discutés. On démontre que le livre en cause est le plus ancien membre de la
famille française de la transmission des lettres d’Ambroise qui existe (partiellement) aujourd’hui.
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Xavier MORALES, « Basile de Césarée est-il l’introducteur du concept de relation en théologie trinitaire ? », p. 141-180
Dans le contexte du « retour aux sources » patristiques de la théologie du XXe siècle, on a souvent attribué à Basile de Césarée l’introduction et l’exploitation du concept de relation en théologie trinitaire pour définir les personnes divines. Seul un examen minutieux des textes de Basile permettra de mesurer la vérité de cette assertion, en montrant combien Basile dépend de la théologie origénienne, notamment dans sa version homéousienne, qui lui transmet « l’argument des corrélatifs » (pas de Père sans Fils) et la distinction entre prédication absolue et prédication relative. Cependant, l’emploi du concept de relation reste secondaire : jamais Basile ne le relie au concept d’hypostase, tel qu’il le distingue de celui de substance, pour définir les personnes divines. Les héritiers de Basile, Grégoire de Nazianze, Grégoire de Nysse et Amphiloque d’Iconium, n’iront pas plus loin que lui.
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Simon ICARD, « Augustin, docteur de la grâce : histoire d’un titre », p. 181-198
« Docteur de la grâce » est le titre d’Augustin le plus célèbre et le plus utilisé. Quelle est son origine ? Son sens a-t-il évolué ? Par quelles traditions a-t-il été porté ? A-t-il été canonisé officiellement ? Ces questions sont fondamentales pour la connaissance de l’augustinisme, car les controverses sur la grâce ont toutes impliqué l’autorité d’Augustin.
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Brian M. JENSEN & Clemens WEIDMANN, « Another Brick to the Augustinian Wall. New texts by Augustine discovered in the Sanctorale of the Lectionarium Placentinum », p. 239-276
Le Lectionarium Placentinum contient dans son sanctoral (Piacenza, Bibl. Capitolare 62) deux sermons inconnus attribués à Augustin : l’un d’eux est consacré à la fête des quatre martyrs romains Basilides, Cyrinus, Nabor et Nazarius (f. 141-143r, inc. : Beati martyres ut securi), l’autre à saint Pierre marchant sur les eaux (f. 182-182v, inc. : Nullus potest esse securus navigator). Dans l’étude présente, nous en procurons une édition critique et évaluons leur authenticité. Nous démontrons l’authenticité du sermon sur les quatre martyrs (Augustin, sermon 335N), tandis que l’autre est certainement inauthentique. En addition au texte, un fragment jusqu’ici négligé, cité dans le sermon de Mathia d’Ambroise Autpert, peut aussi être attribué à Augustin (Augustin, sermon 112B).
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Christopher A. JONES, « The Pseudo-Augustinian Excerpts in Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 389 », p. 277-309
Un manuscrit copié à Freising au milieu du IXe siècle (Munich, Bayerische Staatsbibliothek, Clm 6389) contient une série de passages, qui commence par Vide, Alipi mi, ubi tibi uideatur ueritas habitare. Ce matériel a parfois été considéré comme « pseudo-augustinien », mais son contenu – il s’agit en fait d’une foule d’extraits sur différents sujets – n’a jamais été décrit ou analysé en détail. La présente étude se penche sur l’hypothèse de François Dolbeau, qui a suggéré que ces passages proviennent d’un milieu carolingien et que leur mention d’« Alypius » reflète l’enthousiasme bien connu d’Alcuin et de ses collègues pour l’adoption des pseudonymes littéraires. Une étude plus approfondie des extraits dans Clm 6389 a confirmé le caractère carolingien de leur(s) source(s). Par leur contenu ainsi que par le contexte codicologique, les extraits permettent de nombreux rapprochements avec l’un des disciples d’Alcuin en particulier, Candidus Wizo, ainsi qu’avec l’ensemble des textes scolaires anonymes connus aujourd’hui comme les « Munich Passages ». Il est également intéressant de noter que la référence à « Alypius » dans nos extraits est l’un des indices que ces passages ont été composés par le même auteur qui a écrit le mystérieux traité carolingien De sole et luna, dont la première édition n’a été publiée qu’en 2006. La paternité de ce dernier – lui aussi adressé à « Alypius » – devrait être réexaminée à la lumière des liens entre Candidus Wizo et les extraits transmis dans Clm 6389. Ces deux œuvres associées à « Alypius » nous présente un « pseudo-augustinisme » plus complexe qu’on ne le voit habituellement chez les pseudépigraphes augustiniens du haut moyen âge.
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Bernard MEUNIER, « Ni ajouter ni retrancher : une qualification du texte inspiré ? », p. 311-326
L’expression « ni ajouter ni retrancher » attire l’attention du lecteur des auteurs chrétiens anciens, qui la rencontre assez souvent. Empruntée à l’Antiquité païenne où elle a des emplois divers, elle prend dans les textes chrétiens un sens précis lié au canon et à l’inspiration des textes bibliques, mais on la trouve, à partir du IVe siècle, appliquée aux textes issus des conciles, ce qui montre une conception de l’inspiration, non pas enfermée dans le texte, mais étendue au lecteur, le concile ayant autorité pour interpréter l’Écriture.
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Álvaro CANCELA CILLERUELO, « Edición y notas al texto de una homilía beneventana (Madrid, BNE, cod. 194 – CPL 1160a 20, 1997a) », p. 327-347
Le manuscrit Madrid, Biblioteca Nacional de España, 194, est le plus ancien homéliaire en écriture bénéventaine qui nous a été conservé. Dans son étude détaillée du recueil, Raymond Étaix a découvert et transcrit un sermon sur les martyrs dont ce codex est le seul témoin connu (CPL 1160a, 18-20) ; les dernières lignes du manuscrit semblaient illisibles et le texte était visiblement corrompu. Cet article présente une nouvelle édition critique du sermon en incluant la fin, transcrite sous une lampe ultraviolette ; dans les notes critiques qui suivent sont défendues des corrections aux cruces desperationis déjà établies par R. Étaix et l’on propose l’identification et la
correction d’autres fautes du texte manuscrit qui étaient passé inaperçues.